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Épuration des eaux usées : le
lombrifiltre,
procédé expérimenté avec succès dans un village de l'Hérault
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Le ver de terre, obscur et sauvage
nettoyeur du monde depuis des centaines de millions d'années, arrive maintenant
domestiqué sous les feux de l'actualité : Combaillaux, petite commune de
l'Hérault, l'utilise pour épurer ses eaux usées. Un procédé efficace,
écologique et économiquement viable. Un modèle pour les villages isolés,
respectueux des nouvelles normes environnementales.

A Combaillaux, chaque habitant dispose de 2 500 vers pour épurer ses eaux
sales.

Au premier plan, la cuve du lombrifiltre, suffisante pour 600 habitants
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La limite
était atteinte. Avec 500 fosses septiques, la concentration des rejets d'eau
plus ou moins bien épurée devenait insupportable : saturation
des sols, écoulements nauséabonds, pollution des cours d'eau... Avec bientôt
1 500 habitants et un millier de plus dans vingt ans, il fallait trouver
une solution. D'autant plus que les normes européennes entendent mener la vie
dure à l'assainissement individuel. L'heure est au collectif.
Mais plutôt que de se relier au «tuyau à la mer» que proposait l'Agglomération
de Montpellier, Combaillaux a opté pour une solution autonome. Et écologique.
Car la population et la municipalité sont fortement engagées dans la
défense du cadre de vie, exceptionnellement préservé, de la commune.
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Haute technologie en sous-sol |
Une station d'épuration classique ne convenait pas non plus. Pour
2 500 personnes, c'est plus de 200 t de boues rejetées par an !
Pour s'en débarrasser proprement, il faut trouver 20 ha de terres et assez
d'agriculteurs qui en veulent bien. Les volontaires se font rares. Avec un tout
petit territoire - 900 ha de bois, de garrigues, de vignes,
d'oliveraies et d'habitations - l'équation paraissait insoluble.
Et pourtant, c'est d'une technologie de pointe fondée sur un animal parmi les
plus primitifs de la planète qu'est venue la solution, en 1998.
À dix minutes de la technopole de Montpellier, Combaillaux a pu bénéficier de
quelques-uns des 1 500 chercheurs du pôle agronomique Agropolis. À
Combaillaux, une équipe de l'INRA(1) a
pu mettre en place l'expérimentation en vraie grandeur d'un procédé qui ne
fonctionnait jusque-là qu'en laboratoire, la lombrifiltration :
l'épuration des eaux usées par l'intervention des lombriciens, autrement dit
des vers de terre.
Dans le rôle de la marieuse entre chercheurs et élus, le Conseil général
de l'Hérault a, dès le début, soutenu cette étonnante expérience : un
pilote a été installé en 1999 dans une petite station qui traitait les rejets
du vieux village. C'est aujourd'hui la nurserie des lombriciens,
transférés, le 8 novembre 2004, un kilomètre plus loin, au lieu-dit
du Truc de la Reine.
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De l'expérimentation à la validation |
Depuis la mise en route du lombrifiltre, les mesures ont
commencé. Parallèlement au programme purement scientifique, un bureau d'études
indépendant effectue les contrôles techniques et sanitaires qui doivent
permettre d'homologuer le procédé selon les normes dictées par la DDASS(2).
Principe de précaution oblige, la station de Combaillaux est double :
lombrifiltre et lit bactérien classique. Au cas où. Mais, depuis l'automne
2004, R.A.S.
Le lombrifiltre, autant par sa technique que sa philosophie, est exemplaire. De
20 à 30% moins cher qu'une station classique à boues activées ou à lit
bactérien, il peut être une excellente solution pour des milliers de bourgs
isolés. Une autre commune dans le monde, sur l'aride côte du Chili en bordure
du désert de l'Atacama, expérimente un lombrifiltre. Son but : recycler
les eaux usées au lieu d'en acheminer sur des dizaines de kilomètres. Ici et
là, le même triple objectif : autonomie, économie, durabilité. |
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(1)
Institut National de la Recherche Agronomique
(2) Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale |
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Mairie de Combaillaux / CIHEAM-IAMM -
Pierre Arragon - mai 2005 |
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